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LE TRAVAIL DU DOREUR

Je réalise le travail de dorure selon des techniques anciennes remontant au XV siècle, avec des outils traditionnels (coussin à dorer, couteau, feuille d’or).  La technique de restauration de dorure utilisée dépend de l’objet à restaurer et surtout de son époque. Je pratique la dorure à l’eau ou à la détrempe ainsi que la dorure à la mixtion à l’huile ou à l’eau. 

Chaque projet de restauration de dorure fait, en premier lieu, l’objet d’un constat d’état. Cette étape essentielle permet au doreur de vérifier l’état de la dorure à restaurer, d’identifier son style et son époque et d’évaluer précisément son état d’altération et de dégradation. Selon la taille de l’objet ou l’ampleur du projet, je réalise le constat d’état à mon atelier de dorure ou j’interviens sur site. Viennent ensuite, une série d’étapes délicates, la restauration des ornements et de la dorure :

Le dégraissage du support élimine les graisses et les souillures sur la surface et permet une meilleure adhérence de la colle et des apprêts.

L’encollage est la 1ère étape du travail d’apprêtage. Il permet un ancrage profond et souple des fibres de collagène dans le bois. Il est important de travailler sur une pièce propre et sèche, c’est pourquoi je prends soin au préalable de dépoussiérer et dégraisser le support. L’encollage se fait avec de la colle mère ou colle de base préparée avec la colle de peau de lapin diluée dans l’eau à laquelle j’ajoute une poignée de blanc de Meudon.

L’apprêtage (5 à 12 couches) consiste à passer un certain nombre de couches d’apprêts afin d’obtenir une épaisseur suffisante au travail de dorure (12 couches peuvent être nécessaires dans le cadre d’un travail de gravure par exemple). Comme l’encollage, le blanc d’apprêt se fait avec la colle de base réchauffée au bain-marie à laquelle on ajoute le blanc de Meudon amené progressivement jusqu’à saturation complète de la colle.

L’adoucissage et le ponçage permettent d’obtenir une surface la plus lisse possible, la moindre aspérité ou défaut pouvant être révélé par la feuille d’or extrêmement fine (jusqu’à 0,1 micron).
De la finesse et qualité des apprêts dépendra la qualité du rendu après la pose de la feuille.
La reparure et la gravure sont des techniques décoratives propres au métier de doreur qui consistent à graver dans la matière des apprêts des décors qui auront pour but d’embellir les surfaces qui seront dorées. Pour la reparure, il s’agit d’un travail sur les ornements en relief, pour la gravure d’un travail dans les fonds. Pour cela, on utilise des fers à réparer qui varient en fonction du type de motif mais aussi du style du support.
Le jaunissage intervient lorsque les travaux d’apprêt sont achevés et que les effets décoratifs sont terminés. Cette étape à deux objectifs, faire un léger encollage afin de faciliter l’adhérence de l’assiette et à teindre les fonds pour permettre de combler les cassures de la feuilles lors de la pose.
L’assiétage est la dernière étape incontournable avant la pose de la feuille d’or dans le travail de dorure à la détrempe. C’est elle qui donnera une meilleure base à la pose de la feuille mais qui permettra avant tout le brunissage. L’assiette est composée de bol d’Arménie (une argile très fine), de sanguine, de mine de plomb et de quelques gouttes d’huile d’olive ou d’œillets pour donner du liant. Deux à trois couches sont nécessaires.
Le chiennage consiste à frotter les parties qui seront brunies afin de les polir. Cela permet d’éviter qu’un grain qui serait resté en surface vienne altérer la qualité du brunissage. Cette opération se fait à l’aide d’un pinceau en plis de sanglier très raides appelé « chien » qui permet d’égrainer et lisser l’assiette.
La pose de la feuille d’or est une étape très délicate. Les feuilles d’or sont extrêmement fragiles, leur épaisseur varie entre 0.1 et 0.8 micron. Elles ne doivent pas être touchées avec les doigts et demandent des conditions de travail particulières. La feuille d’or est aplatie sur le coussin à dorer en soufflant dessus (jonfler) et coupée avec un couteau s’il n’en faut qu’une partie. On utilise un pinceau plat et large (la palette) pour transporter la feuille d’or du coussin à dorer à la partie à dorer que l’on humecte généreusement à l’aide d’un pinceau appelé mouilleux.

Le ramendage permet de combler les manques.

Le brunissage qui consiste, avec une pierre d’agate, à écraser le support (l’or) sur l’assiette et frotter pour obtenir la brillance.

Le matage consiste à matifier certaines parties de la dorure en opposition avec les brunis. Une eau légèrement additionnée de colle de base est utilisée à cette fin.

En dernière étape, l’usure et la patine vont permettre d’atténuer la brillance naturelle de l’or et retrouver l’aspect d’une dorure ancienne.